Yoga & Comparaison : Ce que les Neurosciences disent…

Le Yoga (ou le Dev Perso) : libération ou nouvelle pression ?

Car oui, la réalité, est que le yoga moderne est aussi une industrie.

  • Une industrie qui vend un idéal corporel.

  • Une industrie qui valorise la discipline, la maîtrise, la perfection du geste.

  • Une industrie où être prof, c’est aussi savoir se vendre, créer du contenu, capter l’attention.

Et là, une tension naît. On veut pratiquer pour se sentir libre, mais on finit par se demander si on est à la hauteur. On veut enseigner pour transmettre, mais on finit par penser à l’image qu’on renvoie. On veut honorer son propre corps, mais on se surprend à regarder celui des autres avec une pointe de doute.

Et quand on voit un.e autre prof qui “réussit”, qui a une stratégie bien ficelée, qui se montre en pleine confiance, qui attire des centaines d’élèves…

On oscille entre admiration et rejet.

Pourquoi ?

Parce que ça touche un endroit fragile en nous. Un endroit qui aimerait peut-être oser plus. Un endroit qui se demande “est-ce que moi aussi, je devrais faire comme ça ?”.

Pourquoi Se Compare-t-on ? La Science Répond.

Après mon AVC, j’ai arrêté de pratiquer en studio. Pas parce que je ne voulais plus, mais parce que je ne supportais plus la comparaison avec ce que je ne pouvais plus faire.

Je me souviens d’un atelier avec Mathieu Boldron. Tout le monde autour de moi bougeait avec puissance et fluidité, et moi, je me suis arrêtée net, en larmes, repliée en posture de l’enfant. Pas tant parce que je n’avais plus assez de force physique, mais parce que je ne supportais plus le contraste entre eux et moi.

Et pourtant, quelque chose en moi a refusé de fuir. Je suis restée là, sur mon tapis, à observer ce que cette comparaison venait réveiller en moi.

Au début, la seule façon de sortir de la comparaison a été de ne plus y être confrontée. J’ai pratiqué seule, chez moi, là où personne ne pouvait me renvoyer en miroir mes limites.

Puis, petit à petit, je suis retournée en studio, mais avec un autre regard. Je n’ai plus regardé ce que les autres faisaient “mieux” que moi. J’ai commencé à voir ce que l’énergie du groupe pouvait m’apporter. J’ai accepté que mon challenge ne soit pas de faire “aussi bien”, mais de progresser avec ce que mon corps me permettait. Ça m’a aidée car j’étais dans la “vraie” vie et entourée de bienveillance.

La comparaison peut être saine quand elle nous booste. Mais elle devient destructrice lorsqu’elle nous éteint.

Explications de ce réflexe archaïque…

Se Comparer, Un Réflexe du Cerveau (Pas Une Faiblesse Personnelle)

La comparaison sociale est un réflexe neurologique ancestral. Notre cerveau est programmé pour évaluer notre position dans un groupe.

Pourquoi ? Parce que, dans les sociétés anciennes, être exclu du groupe signifiait un risque de survie. Nous avons donc développé un système automatique qui nous pousse à comparer notre statut, nos capacités, notre évolution.

Ce qui se passe dans notre cerveau quand on se compare :

  • Nous voyons quelqu’un “au-dessus” de nous (plus avancé, plus performant, plus “réussi”).

  • Cela active les circuits de la douleur et de l’insatisfaction.

  • Notre cerveau nous envoie un message d’alerte : “Attention, tu es en retard, tu devrais faire mieux”.

Autrefois, ce mécanisme nous aidait à survivre en nous adaptant. Aujourd’hui, il nous pousse à nous comparer à des images figées, filtrées, soigneusement choisies…

Car notre cerveau ne fait pas la différence entre la vraie vie et les réseaux sociaux. Il réagit comme si ces images représentaient une réalité absolue.

Accompagnement & Réseaux Sociaux : Un Nouveau Standard Inaccessible ?

Peu importe notre domaine d’évolution, le mécanisme est le même. Que l’on soit prof de yoga, coach, thérapeute, entrepreneur…

Quand nous nous comparons à des personnes que nous croisons dans la vraie vie…

  • Nous avons du contexte, du feedback, une interaction humaine réelle.

  • La comparaison peut être un moteur pour aller plus loin.

Quand nous nous comparons à une image figée sur Instagram…

  • Nous oublions les heures de travail, les échecs, les doutes qui ont précédé ce moment.

  • Nous projetons un idéal inatteignable, qui alimente la frustration et le doute.

Ce qui nous manque, c’est le récit derrière l’image. Une posture sur une photo ne raconte pas les essais, les erreurs, les moments de remise en question. Et pourtant, notre cerveau enregistre cette seule fraction de seconde comme une vérité absolue.

Jalousie et Ocytocine ?

On a souvent honte d’être jaloux. Comme si c’était un aveu d’échec. Comme si c’était un signe de petitesse.

La jalousie ne dit pas “je veux ce que l’autre a”. Elle dit “quelque chose en moi veut s’exprimer différemment, mais je ne sais pas encore comment.”

Ce que nous envions chez quelqu’un est souvent un reflet de ce que nous aimerions oser en nous.

Les neurosciences révèlent que l’ocytocine, surnommée « l’hormone de l’amour et de la connexion », peut réduire la jalousie amoureuse et sociale. Elle permet d’apaiser l’anxiété de comparaison et de renforcer notre sentiment d’appartenance.

Ocytocine & Connexion : Comment Sortir de la Spirale de la Comparaison ?

Le problème aujourd’hui est que les réseaux sociaux tendent à baisser notre niveau d’ocytocine. Moins de vrais échanges, plus de scroll, plus d’écrans = moins de contacts humains réels, moins de câlins, moins d’interactions physiques qui bossent l’ocytocine.

Bonne nouvelle : on peut agir dessus !

1. Revenir au réel : cultiver la connexion authentique

  • Prendre un vrai moment avec un.e ami.e (sans téléphone).

  • Partager une expérience humaine, poser une question sincère, créer du lien.

  • Multiplier les interactions physiques : un câlin, une main posée sur l’épaule, un échange sincère.

2. Observer sa comparaison sans la croire

  • La prochaine fois que vous ressentez de la jalousie, posez-vous la question : “Qu’est-ce que ça me montre de moi-même ?”

  • Plutôt que “je devrais être comme ça”, demandez-vous : “Qu’est-ce que cette image réveille en moi ?”

3. Transformer la comparaison en inspiration personnelle

  • Si vous admirez quelqu’un, au lieu de vous sentir “inférieur.e”, demandez-vous : “Quelle est ma version de cette énergie ?”

Ce que vous admirez chez l’autre n’est peut-être pas son corps sculpté ou sa technique parfaite… Mais son assurance, son audace, sa capacité à oser se montrer.

Et ça, vous pouvez aussi l’incarner. À votre manière.

Reprendre le Pouvoir sur Notre Regard

La comparaison peut être un frein ou un moteur. Elle peut nous enfermer dans l’insatisfaction ou nous ouvrir à une nouvelle compréhension de nous-mêmes.

Ce qui a tout changé pour moi, ce n’est pas d’arrêter de me comparer, mais de changer la nature de cette comparaison.

Plutôt que de voir ce que les autres font mieux, j’ai appris à regarder ce que leur énergie m’invite à explorer en moi-même.

Plutôt que de vouloir être “comme eux”, j’ai cherché quelle version unique de moi-même avait envie d’émerger.

Plutôt que de voir en eux un standard inatteignable, j’ai vu des reflets possibles de ce que je pouvais oser, à ma manière.

Parce qu’au final, nous avons tous quelque chose à offrir, un chemin qui nous appartient.

La vraie question n’est peut-être pas : “Comment ne plus me comparer ?”

Mais plutôt : “Et si, au lieu de me perdre dans les autres, je me permettais enfin de me voir moi ?”

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